Antoine
de Caunes, l'ami public n°1 Écrivain, réalisateur, comédien, illustrateur ou inspecteur de police: les amis d'Antoine - des personnages - communient dans l'amour de la musique et de la littérature. «Antoine m'a fait comprendre ce qu'est l'amitié et il est l'un des rares à me donner confiance dans l'univers.» Philippe Djian, on le sait, n'a jamais eu peur des mots. C'est dans les années 80, avant même qu'il publie 37°2 le matin, qu'est née son amitié avec Antoine de Caunes. «J'étais un obscur écrivain qui habitait dans une bergerie au fin fond des Corbières. Je lui ai envoyé un de mes bouquins et il a débarqué, avec toute son équipe des Enfants du rock, pour me dresser un portrait de trente minutes.» Depuis, l'Antoine peut tout lui demander - ou presque - comme cette longue interview pour le dossier de presse de son film, Les Morsures... Philippe Djian a la reconnaissance chevillée à l'âme, allant jusqu'à s'émerveiller de la visite que son copain lui a rendue lorsqu'il habitait aux Etats-Unis. «Où commence l'admiration? Où finit l'amitié?» C'est qu'il faut le suivre, notre romancier errant. On le croit à Paris, il est à Biarritz, on le cherche sur la côte basque, il s'est installé en Suisse... Là-bas, il est resté quatre ans avec sa famille, quatre ans de vie d'opérette, facile et légère. Trop peut-être. «Entendre parler de la guerre du Kosovo en plein Festival de Montreux offrait un contraste saisissant.» Le voici de nouveau à Paris, où son dernier roman, Vers chez les blancs (Gallimard), connaît un beau succès - «Il le fallait, je me suis fait lessiver en Suisse, tout coûte cher». Aujourd'hui, l'heure est plutôt au spectacle: Philippe Djian s'est en effet essayé - avec bonheur, semble-t-il - à la double écriture d'une pièce de théâtre et d'un scénario. Luc Bondy, qui a lu les deux, s'enflamme et souhaite tout de suite réaliser le film, dont le héros (Bruno Ganz serait pressenti), un peintre talentueux, va subir, «pour avoir choisi l'art contre la vie», une grave crise familiale. Djian confie avoir plutôt opté pour la vie. Il n'a, pourtant, jamais tant écrit. Dans l'immédiat, il doit s'attaquer au prochain album du chanteur Stephan Eicher et répondre pour la maison d'édition Julliard à cette question, passionnante: quels sont les livres qui vous ont le plus frappé? Céline, Salinger, Cendrars, Kerouac, Faulkner... peupleront certainement sa copie. © Marianne Payot, L'Express (08/03/2002) |