Femme fatale Philippe Djian se ramène avec Doggy bag, roman inspiré des soaps américains, drame familial où les passions et le passé sortent leurs crocs.
Depuis 37,2° le matin (porté à l'écran par Jean-Jacques Beineix),
Philippe Djian est devenu l'un des romanciers français les plus
connus et traduits à l'étranger. Appartenant sans vraiment le vouloir à
la clique des sulfureux de service, à l'instar de Houellebecq et
compagnie, l'homme tâte également du texte de chanson, devenu parolier
attitré du pote Stephan Eicher. Fasciné depuis ses débuts par la débandade
de l'Occident, ses paradoxes, son cauchemar criard et fatigué, Djian fit
frétiller les médias en 2000 avec Vers chez les blancs, un roman
au fort coefficient pornographique, assumé comme tel, mais dont
l'histoire d'amour et la critique sociale furent presque passées sous
silence. Il nous revient aujourd'hui avec Doggy bag, saison 1, un
roman s'amusant à appliquer les schémas d'écriture des séries télé
américaines, à les pervertir, les faire dérailler jusque dans la littérature.
Les composantes classiques du feuilleton-savon sont au rendez-vous: mélo,
sexe, argent, vengeance, famille, pouvoir, alcool, le tout sous le soleil
brûlant d'une sorte de Californie imaginaire. Imaginez Les Feux de l'amour déjanté, version politiquement incorrecte, avec partouzes et vermouth le matin en extras. Dans un univers aussi glauque que léché, Djian nous sert un cocktail à l'écriture souvent lâche et instable, mais dont l'intérêt, s'il en est, réside ailleurs. Peut-être dans ce portrait d'une Amérique qui pète les plombs en huis clos, peut-être dans l'exercice de style, difficile à dire. Quoi qu'il en soit, les saisons 2 et 3 du projet seront publiées cette année. Si votre télé vous lâche à ce moment-là... Benoit Jutras, Voir.ca, 02/06 |